1981 etc...
Chronologie commentée par Charlie Dontsurf
Les années de plomb
Ou les années terribles, pendant lesquelles sortent des albums plus laids les uns que les autres, meurent Dennis Wilson (1983) et Carl (1998), où le groupe devient un tribute-band sous la houlette de Mike Love et Bruce Johnston, tournant sans cesse et souvent pour le bonheur des spectateurs mais qui voient également, à l'aube du 21ème siècle, le réveil artistique de Brian Wilson, et, en 2012, l'inespérée Réunion du 50ème Anniversaire avec à la clef un album tout à fait acceptable.
1981-1989
Parution en mars 1981 aux Etats-Unis du premier album solo de Carl Wilson, sobrement intitulé Carl Wilson. A la même époque, Carl quitte le groupe et s'embarque, en avril, dans une tournée américaine.
Mike Love tourne quelques temps avec son propre groupe The Endless Summer Beach Band. Son album solo, Looking Back With Love, sort en octobre.
En octobre également, sortie de la compilation Ten Years Of Harmony qui couvre les années Warner et Caribou Records avec deux inédits, San Miguel, titre signé Dennis Wilson et Greg Jakobson et Sea Cruise chanté lead par Dennis et, curieusement, River Song, un extrait de Pacific Ocean Blue, l'album solo de ce même Dennis.
1982 voit le retour de Carl au sein du groupe pendant que Brian Wilson est renvoyé aux bons soins du fameux Docteur Landy.
Parution en février 1983 du second album solo de Carl Wilson intitulé Young Blood, qui ne laisse guère de traces dans les esprits comme dans les charts.
Regain de publicité pour le groupe lorsqu'il est interdit de séjour pour les cérémonies de l'Indépendance Day le 4 juillet à Washington par le ministre de l'intérieur, James Watt.
Sortie en septembre de la même année d'une compilation de titres rares ou issus de singles, d'inédits ou de mixages alternatifs, finement intitulée Rarities mais rapidement retirée du marché sous la menace d'une action en justice de la part du groupe.
Le 28 décembre, Dennis Wilson, au bout du rouleau et non plus au sommet du monde, se noie dans la Marina Del Rey de Los Angeles à seulement 39 ans.
Le 4 janvier 1984, avec l'accord exceptionnel pour un civil de l'administration Reagan, les cendres de Dennis Wilson sont éparpillées en mer, dans la Baie de Santa Monica, à 20 miles au nord de l'ile de Santa Catalina.
Sortie en avril 1985 du documentaire The Beach Boys - An American Band. En mai de la même année parait l'album sobrement intitulé The Beach Boys. Il est produit par l'anglais Steve Levine, producteur par ailleurs de … Culture Club. Rassurez-vous, le pire est à venir.
Sous l'impulsion du Dr Eugene Landy, Brian Wilson retrouve Gary Usher et commence à travailler en mai 1986 à un projet d'album solo. Sans aboutir, l'affaire, connue sous le nom de Wilson Project, durera plus de 10 mois.
Le mois de juin voit la sortie du nouveau simple des Beach Boys, Rock & Roll To The Rescue, produit par Terry Melcher. En juillet, Capitol fête les 25 ans du groupe avec la compilation Made In The USA qui couvre essentiellement les années 1960 mais inclut aussi, outre le précédent single, une version retravaillée de California Dreamin'.
En janvier 1987, Seymour Stein signe Brian Wilson sur son label Sire pour un album solo. En mars, parait le single Let's Go To Heaven In My Car/Too Much Sugar. Le musicien/producteur Andy Paley (Paley Brothers, Jonathan Richman's Modern Lovers …) est associé à ce nouveau projet.
En mai, les Beach Boys, qui ne savent plus quoi inventer, se mettent au Rap. Sortie du single Wipe Out avec les rappers du groupe Fat Boys.
Le 20 janvier 1988, les Beach Boys entrent au Rock & Roll Hall Of Fame.
L'excellent premier album solo Brian Wilson sort en août aux Etats-Unis. Malgré de très bonnes critiques, il ne fracasse pas le classement du bilboard alors que le simple des Beach Boys, Kokomo, sans l'ancien leader, atteint la première place des charts US, 22 ans après Good Vibrations. Le titre est extrait de la bande originale du film Coktail et parait sur le label Elektra.
A l'été 1989, Brian Wilson travaille sur son second album solo. Le projet, intitulé Sweet Insanity, sera justement refusé par deux fois par le label Sire.
Une étrange mixture composée de 3 nouveaux titres et de chansons utilisées dans des soundtracks de film, y compris trois issues des sixties, sort à titre de nouvel album du groupe sous le nom de Still Cruisin'.
Brian entame une action judiciaire en août pour tenter de récupérer 100 millions de dollars de droits d'édition suite à la vente par son père, sans son accord, en novembre 1969 des éditions musicales Sea Of Tunes.
1990-1999
1990 est l'année des premières éditions sur cd des albums des Beach Boys. Capitol choisit la forme de deux albums sur un cd ("two-fer") et ajoute livret et bonus-tracks pour la période des sixties. Epic/CBS se contente d'un format bien plus simple et pauvre pour les albums des années 70. L'album solo de Dennis Wilson est également réédité en cd.
Sortie historique en février 1991 de Lost & Found, album des sessions Hite Morgan de 1961/1962.
Le 7 mai, la famille Wilson entame une action juridique pour sortir Brian des griffes du Docteur Landy. Gain de cause est obtenu en décembre.
En avril 1992, la tribunal accorde finalement à Brian 10 millions de dollars sur les 100 demandés pour la vente de Sea Of Tunes. Mike Love se dépêche alors d'attaquer son cousin pour des royalties impayés sur une trentaine de titres auxquels il affirme avoir contribué. Il récupérera finalement la moitié des 10 millions. A Perfect Cousin.
Parution en août du catastrophique album des Beach Boys, Summer In Paradise, produit par Terry Melcher. Seul album sur lequel Brian Wilson n'intervient pas du tout, il n'entre pas dans les charts US. Le groupe retravaille 5 titres pour la version destinée à l'Europe, l'Asie et l'Australie qui sort en 1993. Cela ne change rien au désastre.
Capitol sort en juillet 1993 un magnifique coffret, véritable rétrospective de la carrière de nos Boys, Good Vibrations - 30 Years Of The Beach Boys. 15 inédits sont inclus dont près d'une demi-heure de bandes inédites issues des sessions de l'album avorté Smile.
Août voit la sortie d'un malheureux disque de country où la fine fleur du genre reprend du Beach Boys accompagnée par nos Boys aux choeurs, Stars & Stripes, vol.1. L'échec commercial nous évitera la sortie du 2ème volume.
En juillet 1994, le coffret Good Vibrations est disque d'or aux USA.
Le 25 janvier 1995, Don Was présente son documentaire sur la vie et la musique de Brian Wilson, I Just Wasn't Made For These Times, au Festival du film indépendant Sundance. La bande son, constituée de performances Live-in-the-studio, sort sur cd en août.
L'album Orange Crate Art, signé Brian Wilson & Van Dyke Parks mais écrit par VDP, sort en octobre aux Etats-Unis.
1996 voit les Beach Boys s'amuser avec Status Quo sur un single où ces derniers reprennent Fun Fun Fun.
En avril 1997, on apprend que Carl Wilson souffre d'un cancer de la gorge avec des métastases au cerveau.
A la demande de Mike Love, David Marks reprend du service avec le groupe pour remplacer Carl.
En novembre, sortie par Capitol du superbe coffret, The Pet Sounds Sessions.
A 51 ans, Carl Wilson meurt des suites de sa maladie le 6 février 1998.
Produit par Brian Wilson et surtout, malheureusement, par Joe Thomas, Imagination, le second album studio solo de Brian sort en juillet sur Giant Records.
Le 28 février 1999, premier concert du Al Jardine's Beach Boys Family & Friends Band. Brian Wilson et Mike Love, par l'intermédiaire de la compagnie Brothers Records, dont Al est pourtant actionnaire, l'attaquent en justice pour utilisation illégale du nom Beach Boys. En mars, Brian Wilson commence à tourner avec un groupe de Los Angeles, The Wondermints. Ils sont accompagnés par un membre historique du Beach Boys Band, Jeffrey Foskett. Pendant toutes ces années et les suivantes, les Beach Boys de Mike Love tournent inlassablement essentiellement aux Etas-Unis mais aussi en Europe. Succès et, très souvent, qualité sont au rendez-vous. Le 29 juin 1999, le groupe, avec David Marks, se produit au Palais des Congrès à Paris.
Les années 2000
Pendant que les chamailleries judiciaires continuent entre Brothers Records et Al Jardine, Capitol réédite à l'été 2000 l'ensemble des albums de la période 1970-1985, en version two-fer, remastérisés et avec livret complet mais sans bonus.
Après le fiasco de Imagination, Brian Wilson relance en juillet sa carrière solo avec l'album Live At The Roxy, toujours accompagné par le même groupe. Ils entament ensuite aux Etats-Unis le Pet Sounds Symphony Tour.
L'année 2001 est marquée par la sortie sur Capitol de la compilation Hawthorne, Ca. 57 titres inédits, rares, versions démos, prises alternatives ou mix stéréo. Un bonheur pour le fan. La réédition des premiers "two-fer" suit.
Brian Wilson continue de tourner avec son groupe.
Le 15 juillet, les Beach Boys se produisent à l'Orange Biarritz Festival (Pays-Basque).
En janvier et février 2002, tournée triomphale en Europe et au Japon de Brian Wilson qui présente en concert l'intégralité de l'album Pet Sounds. Un dispensable album live, Pet Sounds Live, et un dvd témoigneront de l'affaire.
En juillet, sortie de la compilation The Beach Boys Classics Selected By Brian Wilson qui comprend un inédit enregistré pour l'occasion par Brian et son groupe actuel, California Feelin'.
Le 11 novembre parait sur Eagle Records, l'album The Beach Boys Live At Knebworth 1980, témoignage du dernier concert où la troupe est complète, même si Brian semble dans un autre monde.
Le 22 juillet 2003, Capitol sort aux USA le désormais classique album Pet Sounds en format DVD-Audio. Les titres sont présentés en mono, stéréo et 5.1 surround. Ils sont accompagnés de quelques "alternates", de clips vidéo et d'un film sur les sessions de l'album.
L'annonce d'une tournée européenne pour 2004, Brian Wilson Presents Smile, secoue la torpeur ambiante et fait palpiter le coeur des fans.
La tournée européenne a lieu en février et mars. Brian passe par l'Olympia de Paris le 14 mars 2004. Après une première partie consacrée aux classiques et à des titres plus rares des Beach Boys, le fan transi découvre la version 2004 d'un Smile "terminé". L'explosion finale faite de joie, pleurs et applaudissements, après les dernières mesures de Good Vibrations, se répète de ville en ville. Un véritable triomphe.
Le 22 juin, sort le nouvel album solo de Brian Wilson, Getting' In Over My Head, auquel participe Elton John, Eric Clapton, Paul McCartney et … Carl Wilson. Oeuvre mineure.
Pendant ce temps, Brian termine avec son groupe l'enregistrement de sa version de Smile qui sort aux USA en septembre sur le label Nonesuch/Warner. Le disque atteint la 13ème place des charts US.
En octobre 2005, sortie de l'album What I Really Want For Christmas signé Brian Wilson. Une réussite qui présente nouveaux morceaux et reprises, dont le titre des Beach Boys, devenu un classique de Noël, Little St Nick.
Le mois de mai 2006 voit la sortie d'un étrange cd, uniquement diffusé et en édition limitée par les magasins américains Hallmark Gold Crown, appelé Songs From Here & Back. L'album propose des titres live des Beach Boys, essentiellement enregistrés en 1989, et trois nouveaux enregistrements solos signés indépendamment, Brian Wilson, Mike Love et Al Jardine.
Nouvelle tournée européenne de Brian Wilson en septembre 2007 au cours de laquelle il présente sa nouvelle oeuvre-concept That Lucky Old Sun. Elle est co-signée par Scott Bennett, membre de son groupe, et Van Dyke Parks en écrit les parties narratives.
En juin 2008, superbe réédition par Sony, en cd et vinyle, de l'album solo de Dennis Wilson, Pacific Ocean Blue, accompagné de titres des sessions du projet avorté Bambu. Au même moment, Capitol/EMI sort un beau coffret intitulé The Beach Boys : US Singles Collection - The Capitol Years qui reproduit en cd l'ensemble des simples du groupe.
En septembre, l'album That Lucky Old Sun sort sur Capitol.
Si les années précédentes ont vu sortir des compilations comme Sounds Of Summer ou The Warmth Of The Sun qui présentent certains titres en nouveau mixage stéréo, Summer Love Songs, sorti en mai 2009, propose une version inédite du titre de Dennis Wilson, Fallin' In Love (aka Lady)
Al Jardine sort en juin 2010 son premier album solo studio, A Postcard From California, uniquement en téléchargement et cdr-on-demand.
En octobre 2010, Brian Wilson Reimagines Gershwin pour le label Walt Disney Records.
2011 - The Smile Sessions
Grand émoi au printemps 2011, Capitol annonce la sortie d'un coffret des mythiques Smile Sessions. Plusieurs fois reporté, l'objet, décliné en versions coffret 5cd, coffret 2 cd et double-vinyle sort en novembre. Fabuleux et décevant à la fois mais indispensable.
Octobre voit la sortie du deuxième album de Brian Wilson pour Walt Disney Records, In The Key Of Disney sur lequel notre homme revisite les classiques des films Disney avec, tout particulièrement, une très belle version de Colors Of The Wind (Pocahontas).
2012 - 50th Anniversary Reunion
2012 et tout le monde s'aime à nouveau. Finis les tracas judiciaires croisés, Brian Wilson, Mike Love, Al Jardine, Bruce Johnston et même, David Marks, annoncent qu'ils vont tourner ensemble pour fêter les plus de 50 ans du groupe. La première étape est quelques titres joués ensemble le 15 février à l'occasion de la remise au groupe d'un Grammy Award spécial pour l'ensemble de sa carrière. Une énorme tournée américaine est organisée entre avril et juillet.
Le 4 juin (le 5 aux Etats-Unis), aussi incroyable que cela puisse paraître, sort un nouvel album studio, That's Why God Made The Radio. Une réussite.
La tournée, aussi appelée Celebration, visitera finalement 4 continents, 14 pays et 70 villes pour un total de 73 concerts. L'apothéose se situe au Royal Albert Hall de Londres le 27 septembre pour un show de près de 3 heures avec 61 titres interprétés !
Le tout se termine en "eau de boudin" quand, à la fin, Mike Love & Bruce Johnston en restent à ce qui était initialement prévu, un tour et puis s'en va, alors que Brian Wilson, Al Jardine et David Marks auraient bien continué l'affaire. Ces trois derniers ont la sale impression d'être virés de leurs Beach Boys.
En octobre 2012, 12 des albums studios sont réédités, dans un emballage un peu cheap mais qui propose pour 10 d'entre-eux un mixage mono et un mixage stéréo.
2013 - etc.
A l'occasion du 50ème anniversaire du groupe, le copieux coffret Made In California sort le 23 août 2013. Au menu, 6 cds, 7 heures 30 d'écoute et pas moins de 60 titres inédits (authentiques inédits, prises alternatives, démos, mixages différents et titres en public). La sélection retenue couvre l'ensemble de la carrière des Beach Boys, de 1961 à nos jours.
Les Beach Boys de Mike Love et Bruce Johnston continuent de se produire à travers le monde. Ils étaient sur la scène de l'Olympia à Paris les 8 juillet 2013 et 21 novembre 2014.
La mi-2015 voit la sortie un peu partout dans le monde du biopic tant attendu consacré à Brian Wilson, Love & Mercy. Sur un scénario signé Oren Moverman (déjà scénariste de I'm Not There de Todd Haynes, film consacré à Bob Dylan), le film est réalisé par Bill Pohlad. Il isole deux périodes bien distinctes de la vie de Brian. La première, les années 66/67, où le musicien est en pleine ascension musicale (l'album Pet Sounds) avant de perdre peu à peu la raison (l'épopée Smile). Brian y est interprété par Paul Dano. La seconde est centrée sur les années 80, où, entre les mains du Docteur Landy (Paul Giamatti), Brian (John Cusack) rencontre sa future femme Melinda (Elisabeth Banks) qui l'aide à s'en sortir. Une belle réussite saluée unanimement par la critique à travers le monde.
Avant ça, le 4 avril a paru le 9ème album solo de Brian Wilson, No Pier Pressure sur lequel de belles réussites côtoient des titres plus gênants.
La fin d'année 2015 voit le management de Brian Wilson annoncer pour 2016 les adieux de Brian Wilson à la scène à l'occasion d'une monumentale tournée mondiale célébrant les 50 ans de la merveille des merveilles, l'album Pet Sounds. L'album est joué dans sa totalité au cours des concerts. Al Jardine et Blondie Chaplin sont de la partie. Le groupe se produit à la Salle Pleyel de Paris le 30 octobre 2016. Devant le succès, la tournée devient un véritable "Never Ending Tour" et continue à ce jour.
Pendant ce temps-là, les Beach Boys de Mike Love continuent leurs tournées célébrant tour à tour les 50èmes anniversaires de titre comme Good Vibrations (2016) ou des albums comme avec le "Wild Honey World Tour" de 2017. Cette tournée accompagne la première édition stéréo de l'album.
Le deuxième album solo de Mike Love, Unleash The Love paraît le 17 novembre 2017, 36 ans après le précédent. Le 26 octobre 2018, c'est un album de Noël que propose le chanteur en guise de 3ème effort solo, Reason For The Season. En novembre, il est nommé pour une éventuelle entrée en 2019 au Songwriters Hall Of Fame. Le mois de juillet 2019 voit la sortie d'un quatrième album signé Mike Love, le très dispensable 12 Sides of Summer. On note toutefois une reprise de Rockaway Beach, le titre des Ramones, que ses Beach Boys jouent également sur scène lors de la tournée Now & Then.
En mars 2020, les tournées "sans-fin" des Beach Boys de Mike Love et de Brian Wilson sont stoppées par la pandémie de la Covid-19. 2020 voit également Mike Love mêler le nom des Beach Boys à la campagne présidentielle américaine lors d'un concert de soutien à Donald Trump. Brian WIlson et Al Jardine se désolidarisent.
Le coffret Feel Flows couvrant les sessions des albums Sunflower et Surf's Up! voit sa sortie sans cesse repoussée tout au long de l'année 2020. Il parait finalement le 27 août 2021. Et est sublime.
Des rumeurs circulent en 2021 sur un possible 60th Anniversary Tour réunissant tout le monde. Finalement, cette tournée n'aura pas lieu.
At My Piano, album de Brian Wilson sur lequel il revisite seul au piano certains classiques des Beach Boys sort le 19 novembre 2021. Une semaine plus tard, c'est au tour de la bande originale du documentaire, Long Promised Road.
Sources : Keith Badman – The Beach Boys, Definitive Diary of America's Greatest Band (Backbeat Book / 2004) et Gaël Tynevez – The Beach Boys, l'enfance pour l'éternité (Camion Blanc / 2002).
Good Vibrations, his life as a Beach Boy
La publication des mémoires de Mike est en soi un événement. Tant a été écrit sur ses rapports avec Brian et Dennis, sur son rôle supposé dans l’inachèvement de SMiLE, sur la fameuse formule et les divers procès qui ont émaillé l’histoire du groupe, que l’on pouvait légitimement attendre de lire sa version des faits, en espérant que cela ne tourne pas au simple règlement de comptes ni à une version trop révisionniste de l’histoire.
De ce point de vue, les 100 premières pages, qui nous conduisent jusqu’en 1965, nous rassurent. Le ton est serein, apaisé et l’on est même surpris du plaisir ce que l’on prend à la lecture (James Hirsch y est sans doute pour quelque chose). Mike y évoque sa famille, la rivalité sociale avec Murry puisque les Love sont plus riches et sa grande proximité avec son cousin Brian. Au détour d’un souvenir, il consacre même deux belles pages à Marvin Gaye. Mais les choses se corsent à partir de l’enregistrement de Pet Sounds où, de plus en plus, apparaît un ressentiment qui ne va pas cesser par la suite. Même s’il n’en dit pas grand-chose, Mike a certainement très mal vécu sa marginalisation progressive de l’entourage de Brian qui débute avec le choix de Tony Asher pour écrire les paroles de PS ; par la suite, l’usage des drogues va l’accentuer en expliquant à peu près tout : le marasme de SMiLE, la dégringolade de Brian, celle de ses frères (Carl en prend pour son grade à la fin des années 70), et la carrière disloquée du groupe. Pourtant, il aurait pu s’interroger à l’occasion sur son attrait pour la méditation transcendantale et l’astrologie qui ne sont après tout que l’expression du même manque. On finit par être légèrement puis carrément lassé de cette manière de systématiquement jeter l’opprobre sur tel ou tel en se présentant comme le chevalier blanc qui n’a, finalement, pas grand-chose à se reprocher, sauf d’avoir voulu, coûte que coûte, maintenir le groupe. Au passage, il règle donc des comptes avec David Anderle, David Leaf, Dennis, Carl, Melinda*, accusés d’avoir directement ou indirectement contribué à l’éloigner de Brian et donc, conséquemment, aux problèmes du groupe. Pareillement, il s’étend volontiers sur les problèmes de couple des frères Wilson mais reste pudique dès qu’il s’agit des siens et de ses multiples divorces. De même, il évoque le rôle auprès de Brian de son frère Stan Love, de Steve Korthof et de Rocky Pamplin, ce qui nous donne une page absolument magnifique dans laquelle ce dernier, engueulant Brian, fait l’éloge de Mike :
"Look how much Mike Love loves you. He can’t even sleep at night because he thinks they’re [they = Dennis et Carl] trying to give you heroin and he wants to strangle Dennis – that’s how much you mean to him. That’s Love".
Et Steve de rajouter: "Do you know that Mike cries when you do a good show ?" (pages 275-276).
Commentaire ému de Mike : "Rocky and Steve talked about my feelings for Brian, which was something I could never do myself".
Par contre, quand il s’agit d’évoquer le renvoi par les Wilson de Stephen Love, le commentaire est plutôt laconique : "Stephen was fired from the band in 1979 for unrelated reasons" (page 284). Un exemple parmi d’autres de la façon pour le moins étonnante dont Mike relate les événements.
Et la musique ? Là aussi, les goûts de Mike semblent inévitablement saisis par le ressentiment. Il dit évidemment tout le bien qu’il pense aujourd’hui de Pet Sounds, rappelant qu’il en a trouvé le titre et qu’il l’a défendu avec Brian auprès des pontes de Capitol**, mais ensuite, les jugements sont plutôt sévères. On ne peut lui donner tort pour So Tough ("A disjointed rush job"), Holland ("The results weren’t that great either") ou 15 Big Ones qui manque d’unité, mais il est passé complètement à côté de Love You ("No one knew what to make of it when it came out"), lui préférant le M.I.U. Album, hélas saboté par les frères Wilson. Dans son esprit, la rivalité originelle entre les Love et les Wilson, d’abord initiée par Murry, s’est largement transmise à ses trois fils puis à l’entourage de Brian, responsables à des degrés divers de la carrière chaotique du groupe que lui, Mike, le « front man » comme il se désigne à plusieurs reprises, a désespérément tenté de sauver. Et, même s’il nie avoir jamais prononcé la fameuse phrase sur la formule, ses commentaires ne font que l’illustrer.
En résumé, et au bout de 400 pages, quel portrait Mike fait-il de lui ? Un type sympa, simple, préoccupé (qui ne le serait ?) de ses intérêts, en particulier financiers, et de ceux du groupe contre tous ceux qui ont systématiquement, par intérêt pervers, manipulation, etc, tenté de faire sombrer le navire. Il développe à l’occasion une argumentation qui peut être recevable entre les obligations du groupe sur scène, plus ou moins contraint de plaire au public et le travail personnel de Brian, enfermé de plus en plus dans son statut de « génie » et oeuvrant dans une direction plus artistique et réservée à un public plus restreint mais la façon dont il décerne les bons et les mauvais points (les bons lui étant systématiquement réservés) finit par lasser. Quant au récit de la tournée anniversaire du 50e anniversaire qui clôt le livre, il laisse peu de doutes, hélas, sur une éventuelle reformation des Beach Boys tant les intérêts du clan Mike et du clan Wilson semblent désormais irréconciliables. Pour paraphraser Shakespeare : il y a quelque chose de pourri dans le royaume des Beach Boys et ce livre ne contribue pas à l’assainir.
Good Vibrations, My Life As A Beach Boys (Faber & Faber, 2016)
* A ce propos, la version livrée dans ce livre est totalement opposée à celle que développait le film Love & Mercy.
** On entend exactement la même chose dans les commentaires qu’il fait sur l’album dans le récent dvd Classic Album (Eagle Vision) sorti ce même mois.
En France ...
1983
Dans l'émission Souvenirs, Souvenirs sur Antenne 2, Johnny Halliday présente l'histoire des Beach Boys à l'aide d'interviews et d'extraits de concert.
1988
Interview de Brian Wilson menée par Philippe Manoeuvre pour l'émission Les Enfants du Rock (Antenne 2) à l'occasion de la sortie de son premier album solo.
1991
Le 21 juin, diffusion en VF sur M6 du pitoyable TV film US, Summer Dreams sous le nom de Surfin' USA.
1993
Sur M6, le 22 avril, l'émission Saga propose un spécial Beach Boys excellement composé par Alain Gardinier.
1996
Le 27 avril, la chaîne franco-allemande Arte diffuse sous le nom Music Was My Only Friend le documentaire de Don Was, I Just Wasn't Made For These Times.
1999
Sur la même chaîne, diffusion en deux parties les 3 et 10 avril de l'excellent documentaire biographique, Endless Harmony.
Le 29 juin, les Beach Boys de Mike Love et Bruce Johnston, avec David Lee Marks, se produisent sur la scène du Palais des Congrès de Paris.
2001
Les Beach Boys de Mike Love participent au Biarritz Surf Festival au stade Aguilera de la ville.
2004
Le 14 mars, Brian Wilson présente Smile sur la scène de l'Olympia à Paris.
2007
Brian Wilson est en concert au Grand Rex de Paris le 26 juin. Alan Jardine, initialement annoncé, n'est finalement pas présent pour ce show.
2011
Mini-tournée des Beach Boys de Mike Love en France : 6 juillet à Paris au Grand Rex, le 16 à la Grande Motte, le 18 dans le cadre des Nuits de la Guitare à Patrimonio en Corse et le 19 à Carcassone au théâtre Jean Deschamps. Le groupe fait une apparition dens Télé Matin sur France 2.
Le 20 septembre, Brian Wilson réimagine Gershwin au Casino de Paris.
2013
Les Beach Boys de Mike & Bruce sont à l'Olympia (Paris) le 8 juillet.
2014
Les mêmes sont de retour au même endroit le 21 novembre.
2016
Brian Wilson, en compagnie d'Al Jardine et de Blondie Chaplin, célèbre Pet Sounds sur la scène de la salle Pleyel à Paris le 30 octobre.
2017
Les Beach Boys sont programmés à l'Olympia (Paris) le 1er juin et le 25 à Tilloloy (Somme / Festival "Rétro C'est Trop") dans le cadre du Wild Honey World Tour.
La tournée de célébration de Pet Sounds passe par le festival des Nuits de Fourvière (Lyon). Brian Wilson s'y produit le 17 juillet.
2019
La tournée Now & Then des Beach Boys s'arrête à l'Olympia de Paris le 27 juin. Le concert prévu au Printemps de Pérouges (Ain) le 26 juin est lui est annulé quelques semaines avant.
2022
La tournée du 60ème anniversaire n'est pas celle attendue, avec Brian Wilson, Alan Jardine ou encore David Marks. Finalement, c'est la version Mike Love des Beach Boys qui s'est présentée à l'Olympia de Paris le 27 juin.