M.I.U. Album (1978)
Mais que se passe-t-il en 1977 chez les Boys ? Apparemment, rien de bon. Malgré le retour de Brian, tout semble avoir explosé au sein du groupe. Deux clans s’affrontent : Mike et Alan d’un côté, Carl et Dennis de l’autre ; et Brian au milieu qui va là où on lui dit d’aller… Pour cet album, Mike et Alan l’emportent, donc Dennis et Carl assureront un service minimum, chantant chacun un titre (My Diane et Sweet Sunday). Le reste - le choix des titres, la production, l’orientation générale du disque- est laissé à l’appréciation du clan adverse, auquel Brian s’est momentanément rallié. Et tout débute par un titre fort énigmatique : M.I.U, qu'est-ce que c'est ?, comme dirait David Byrne. La Maharishi International University, mes bons. C'est l'homme qui médite, Mike Love, qui a une cette idée : enregistrer un album en ce lieu propre à la réflexion. Alors, en route…
La première face est la plus difficile à écouter aujourd’hui car la plus disparate : quel lien, en effet, entre un She’s Got Rythm où Brian se parodie et qui peine à retrouver l’inspiration, deux reprises qui auraient davantage eu leur place dans 15 Big Ones (un très bon Come Go With Me et un Peggy Sue, spectorien mais quelconque), un Kona Coast qui lorgne péniblement du côté de la formule d’Hawaï, un titre rescapé du projet Adult Child , Hey Little Tomboy, et un Wontcha Come Out Tonight, meilleur titre de la face mais qui regarde vainement vers le passé ?
La seconde face est meilleure et annonce les meilleurs titres de l’album suivant : on y trouve les deux titres interprétés par les frères Wilson qui sont les meilleurs du disque : Sweet Sunday et My Diane, rescapé des sessions du New Album. On peut oublier le médiocre Belles Of Paris (massacré en plus par les cordes) mais Pitter Patter tient bien la route, de même que Match Point Of Our Love où la voix de crooner de Brian n’est pas désagréable. Le dernier titre, dû à la paire Altbach-Tuleja, est une agréable ballade chantée par Alan.
En fait, ce qui est frappant dans cet album, et qui le sera à nouveau dans Keepin’ The Summer Alive, c’est à quel point Brian a perdu la main car il a participé à la plupart des compositions : 8 sur 12. Ici, et contrairement à Love You où il a pu laisser libre cours à son inspiration très personnelle, il a voulu –ou on lui a demandé- de refaire du Beach Boys et ça n’a pas marché. Mais, comme personne n’est là pour faire le tri et organiser tout cela, le résultat est forcément décevant. Les harmonies vocales sauvent parfois les meubles mais c’est largement insuffisant. Le verdict du public sera d’ailleurs sans appel: l'album plafonnera à la 150e place des charts US.
Presse française
Best n°124, novembre 1978, chronique signée Francis Dordor