header photo

Beach Boys . fr

... in our room ...

Summer In Paradise (1992)

Rivages hostiles

Là, il faut bien convenir que nous abordons des rivages hostiles, ce que même les intéressés ont fini par reconnaître puisque SIP est le seul album des Beach Boys à n’avoir pas été réédité, ce qui en fait d’ailleurs une pièce de collection pour ceux –combien étaient-ils ?- qui l’ont acheté à sa sortie. La tournée du cinquantième anniversaire n’en proposait aucun titre non plus. Alors, pourquoi tant de haine ?
D’abord parce que c’est un album abusivement paru sous le nom des Beach Boys : du groupe originel, il ne reste plus qu’un Wilson (Carl) pour quelques vocaux ; Alan Jardine, de son côté, est encore plus mal loti : 2 titres seulement (sur 12) font appel à son organe ; reste Mike Love que l’on entend à peu près partout et qui, avec l’aide de Terry Melcher (eh oui, le fils de Doris Day, ancien pote de Dennis Wilson et producteur, dans une autre vie, des Byrds, qui était déjà partie prenante de Still Cruisin’), donne une orientation « moderne » à tout cela.
Question musique, on reprend les choses là où l’album de 1985 les avait à peu près laissées : utilisation quasi systématique d’instruments synthétiques, d’un nouveau logiciel de mixage Pro Tools, traficotage des voix (un comble quand on est en partie célèbre pour la qualité des harmonies vocales). Tout cela a évidemment beaucoup vieilli mais était déjà vieux en 1992, époque à laquelle, rappelons-le, ce qui se faisait de nouveau dans le monde de la musique s’appelait Radiohead, Massive Attack, Portishead, Primal Scream ou Nirvana. C’est dire…
Côté compositions, les choses ne se sont pas arrangées non plus depuis Still Cruisin’ : sur 12 titres, 2 sont des reprises du répertoire des Beach Boys (Surfin’ et Forever), on y reviendra ; 2 autres empruntent à Sly Stone (c’est le premier titre, un massacre en règle d’un des joyaux du répertoire de Sly & The Family Stone : on devrait avoir des tribunaux pour cela) et aux Shangri-Las ; restent 8 titres originaux co-signés la plupart du temps Love et Melcher, ce qui en fait l’album le plus lovien du groupe.

Célébration de l'été

Le thème général est résumé dans le titre : célébration de l’été, déclinée dans plusieurs titres : Hot Fun In The Summertime, Summer Of Love, Island Fever, Slow Summer Dancin’, Walking The Sand, Summer In Paradise. Là, on ne peut pas dire que l’éventuel acheteur n’en a pas pour son argent ! Il serait vain de s’attarder davantage sur tout cela : les titres sont interchangeables dans leur médiocrité, tous passés à la moulinette du même mixage, difficile d’en retenir un en particulier, ce qui, paradoxalement, donne une unité évidente à l’ensemble.
Et les deux reprises du répertoire, alors ? Un progrès par rapport à Still Cruisin’ où l’on ne réinterprétait même pas I Get Around, Wouldn’t It Be Nice et California Girls ; là, Surfin’ et Forever bénéficient d’un nouveau traitement et il est radical :
- Surfin’ : le petit titre original des Boys se voit affublé d’un environnement électronique du meilleur effet avec riff de guitare, etc. Mike et Carl s’en donnent à cœur joie dans les performances vocales surannées. On regrette qu’ils n’aient pas poursuivi sur leur lancée et repris, par exemple, Surf’s Up, God Only Knows ou Surfer Girl de la même manière…
- Forever : Mike a dû se dire un jour que, même mort, Dennis continuait à lui pourrir la vie et donc, qu’il allait falloir lui régler son compte une bonne fois pour toutes. Et il a trouvé en la personne du charmant John Stamos l’auxiliaire dont il rêvait. John Stamos, c’est l’une des vedettes de la série Full House (La fête à la maison) qui a toujours clamé son admiration pour le répertoire des Boys et les a accompagnés souvent sur scène, parfois en jouant de la batterie. Il a une voix vaguement voilée, que l’on pourrait éventuellement, un soir de forte biture, confondre avec celle de Dennis. Cela nous donne trois minutes de torture : le titre délicat de Dennis devient une infâme machine où brillent, outre la voix, une batterie de bûcheron et des interventions de guitare abominables. Bref, ça ressemble à du Toto. Dennis est bien mort une deuxième fois. Merci, Mike !

A noter que cinq titres ont bénéficié en Angleterre de versions différentes sans que cela change beaucoup le résultat. La version de Forever est cependant bien meilleure : moins de guitare saturée, un mixage moins agressif.

Presse française

Rock & Folk n°304, décembre 1992, Chronique (Steven Breath)

Titres

  • Hot Fun In The Summertime
    (S. Stewart)
  • Surfin'
    (B. Wilson - M. Love)
  • Summer Of Love
    (M. Love - T. Melcher)
  • Island Fever
    (T. Melcher - M. Love)
  • Still Surfin'
    (M. Love - T. Melcher)
  • Slow Summer Dancin'
    (B. Johnston - D. Webb)
  • Strange Things Happen
    (T. Melcher - M. Love)
  • Remember "Walking In The Sand"
    (G. Morton)
  • Lahaina Aloha
    (T. Melcher - M. Love)
  • Under The Boardwalk
    (A. Resnick - K. Young - M. Love)
  • Summer In Paradise
    (M. Love - T. Melcher -, G. Fall)
  • Forever*
    (D Wilson - G. Jakobson)

Produced by Terry Melcher
* Lead Vocal : John Stamos

Editions originales
(US) Brothers Records BBR 727-2 - 03/08/1992
(GB) EMI 0777 7 81036 2 2 - 05/1993 :

Summer In Paradise UK

Pour l'édition anglaise, les titres Island Fever et Summer In Paradise ont été complètement réenregistrés avec nouvelles musiques et nouveaux textes. Roger McGuinn figure au chant sur ce deuxième morceau. Les titres Stange Things Happen, Under The Boardwalk et Forever ont été remixés et raccourcis.

Albums 1980 ...

The Beach Boys (1985)

the beach boys

Still Cruisin' (1989)

Still Cruisin

Summer In Paradise (1992)

Summer In Paradise

Stars And Stripes Vol.1 (1996)

Stars & Stripes
Songs From Here & Back (2006)
Here & Back

That's Why God Made The Radio (2012)

That's Why God Made The Radio

Live, The 50th Anniversary Tour (2013)

Live, 50th Anniversary Tour