Still Cruisin' (1989)
Après la débâcle artistique de l’album The Beach Boys de 1985, la mer s’est retirée et les surfers se sont échoués sur le sable.
Brian Wilson est toujours entre les mains du Docteur Eugène Landy et son second album solo, Sweet Insanity est refusé en 1989 par son label. Les Beach Boys ont obtenu miraculeusement l’année précédente un n°1 avec le passable Kokomo, enregistré pour le soundtrack du film Cocktail. Pour surfer sur cette vaguelette, il faut songer à sortir un nouvel album, vite. Brian n’est pas en mesure de composer pour le groupe et les idées des autres sont mortes, comme les feuilles de l’automne, bien que ne se ramassant pas, elles, à la pelle.
La brillante idée, ou la principale motivation, en dehors de faire de l’argent, consiste alors à assembler des titres, anciens ou pas, utilisés dans des bandes originales de films assortis de 3 nouveautés, sans lien avec le cinéma. La belle affaire.
Still Cruisin' (BO du film Lethal Weapon 2) est dans la même veine que Getcha Back du précédent album. De la pure formula, sans génie, sans bouillir, alourdie par une production eighties déjà datée en cette année 1989. Nos amis Mike Love et Terry Meltcher nous préparaient ainsi au pire, à venir en 1992.
Somewhere Near Japan est à oublier. Au moins, ce titre ne sera pas venu troubler la BO d’un improbable nanar hollywoodien.
L’Island Girl d’Al Jardine ne secoue pas le cocotier, noyée qu’elle est dans les bidons caribéens.
In My Car, la seule contribution de Brian Wilson à l’album et issue des sessions de Sweet Insanity, ne nous indique pas du tout que c’est dans sa voiture qu’il a composé Surfer Girl bien des années auparavant. Mais un peu de mauvaise foi masochiste vous fera apprécier ce titre. Plaisir coupable.
Kokomo (BO du film Cocktail) a tout de même atteint la première place du Billboard, n’est-ce pas. Mais est vraiment très très loin du niveau du précédent hit des Beach Boys, Good Vibrations, 22 ans plus tôt.
Il y avait un trou alors a été placée l’inénarrable reprise de Wipe Out ou « les Beach Boys Font Du Rap En Compagnie Des Fat Boys» sortie en single en mai 1987. Non, nous ne rigolons pas.
Ah, s'il ne pouvait rester de ce Make It Big (BO du film Toop Beverly Hill) que la voix, toujours aussi chaude, de Carl Wilson ! Le reste en fait le pire morceau du disque.
Et pour finir en beauté avec le concept initial, les versions originales de I Get Around (BO du film Good Morning Vietnam), Wouldn’t It be Nice (BO de The Big Asher) et California Girls (du film Soul Man) sont insérées en fin de disque. Enfin de la musique.
Presse française
Backstage n°4, octobre 1989, Chronique (Sergio Gonzales)