Live In London (1970)
Une drôle d'histoire
Une drôle d'histoire que ce Live In London. Non seulement, il est sorti à au moins 4 dates différentes selon les pays, sous des noms parfois différents, mais il "bénéficie" de pochettes distinctes et on a pu douter pendant longtemps de la date et du lieu réels du concert présenté. Et, nous ne parlons pas ici des différentes rééditions, notamment sur le label Music For pleasure, dont il a fait l'objet. C'est en Angleterre qu'il paraît à l'origine en mai 1970 sous étiquette Capitol/EMI.
Pour autant, dans toute sa "simplicité", il est assurément le meilleur témoignage "live" du groupe sur un disque officiel. Pas moins.
Pop'n'Soul
La fin des sixties est une période délicate pour les Beach Boys à la maison. Le naufrage du projet Smile, les albums qui ont suivi, Smiley Smile, Wild Honey, le pourtant magnifique Friends ont éloigné le groupe du public et ruiné son image. Le groupe n'a pas réussi à prendre le train de la Paix et de l'Amour !
Le succès reste néanmoins vivace en Europe et le groupe s'envole pour une tournée européenne, propice à réchauffer les coeurs, du 1er décembre (London Palladium) au 16 décembre 1968 (Paris, Olympia). Les deux shows du 8 décembre à l'Astoria Theatre de Finsbury Park au nord de Londres sont enregistrés et donnent naissance à ce Live In London.
La fin des "souriantes et heureuses" sixties aura au moins permis aux Beach Boys d'abandonner les all-hits concerts et de bâtir des set-lists en piochant essentiellement dans les albums post-1965.
Et puis, surtout, de nouveaux arrangements mis en valeur par un backing-band aidé d'une rutilante section de cuivres, gorgent leur pop de soul. Et ce ne sont pas les versions de Darlin', qui ouvre le disque, quel lead-vocal signé Carl, et de Do It again qui nous contrediront.
Pour ceux qui pouvait en douter, les Beach Boys montrent avec maestro que l'album Pet Sounds peut très bien être interprété en public. Trois titres sont joués, Wouldn't It Be Nice, Sloop John B et God Only Knows : la batterie de Dennis s'en souvient encore.
Des hits sont bien sûr au programme, California Girls, Good Vibrations ou, en rappel, Barbara Ann mais ce sont surtout les titres plus récents qui marquent les esprits. Peut-on raisonnablement se passer de la soul marquée par les cuivres de Aren't You Glad ou de la maîtrise vocale de Their Hearts Were Full Of Spring ?
Renaissance
Cette tournée de 1968, illustrée par cet album, est le premier pas de la future renaissance du groupe aux Etats-Unis et des concerts qu'il y donnera dans les premières années des seventies. Le succès des compilations Endless Summer (1974) et Spirit Of America (1975) donnera l'occasion à Capitol de sortir enfin l'album aux Etats-Unis en 1976, sous le curieux titre Beach Boys '69.
Presse française
Rock & Folk n°120, janvier 1977, Chronique (Benoît Feller)
Best n°104, mars 1977, Chronique (Sacha Reins)
Backstage n°8, février 1990, Chronique (Claude Rais)